Davy Makany, directeur du développement à l'Esgae
Entrepreneuriat

Davy Makany : L’ESGAE veut devenir un pôle sous-régional de formation en sciences de gestion

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Dans une interview exclusive accordée au magazine Tribune Eco, le directeur du développement, de la coopération et de l’assurance qualité de l’Ecole supérieure de gestion et d’administration des entreprises (ESGAE), Davy L. Makany, a évoqué l’ambition de cet établissement de devenir une école de formation en sciences de gestion de la sous-région. A cette occasion, il a réaffirmé également l’engagement de cette école d’accompagner les étudiants dans leur insertion professionnelle, la création des entreprises et le rôle essentiel que joue l’ESGAE pour inciter les jeunes à entreprendre.

Tribune Eco (TE) : L’ESGAE a organisé du 30 au 31 mai dernier, la première édition des journées de l’entreprise et de l’employabilité, dans le but d’inciter les entreprises à collaborer avec votre école. Qu’est-ce qui vous a motivé et pourquoi avez-vous choisi l’année 2024 pour initier ces journées ?

Davy L. Makany (DLM) : Notre établissement exige depuis 31 ans. Il est spécialisé dans les sciences de gestion. Entend que premier établissement privé d’enseignement supérieur, nous avons la responsabilité de former de cadres de haut niveau dans le domaine des sciences de gestion et de management. La formation de ces cadres a pour finalité leur insertion professionnelle. Notre responsabilité est non seulement de les former, mais également de les accompagner dans leur processus d’insertion professionnelle.

Dans le cadre de notre plan stratégique, nous avons trois valeurs, à savoir le professionnalisme, la responsabilité et l’ouverture. Le professionnalisme dans la mesure où nous entendons former de cadres compétents, dotés d’un savoir-faire avéré. La responsabilité engage autant les étudiants de notre établissement. C’est cette valeur de responsabilité qui nous a conduits à initier les journées de l’entreprise et de l’employabilité, afin d’inviter les entreprises à l’école pour qu’elles découvrent les talents que nous formons.

La troisième valeur quant à elle, c’est l’ouverture parce que nous sommes une école ouverte sur le plan international. Notre établissement a plus d’une trentaine d’accords de partenariat avec d’autres écoles et universités dans le monde. Cette ouverture, au-delà du milieu académique et international, c’est l’ouverture avec les milieux socio-professionnels, notamment les entreprises. Les journées de l’entreprise et de l’employabilité répondent à tous ces aspects.

Pour cette année, nous avons accueilli très favorablement la décision du chef de l’état, dédiant l’année 2024 à la jeunesse. Cette décision est venue nous conforter dans le travail que nous faisons depuis 31 ans. Pour nous, l’année 2024 a eu pour avantage de rendre les entreprises sensibles à cette haute instruction présidentielle. Mais c’est notre raison d’être.

TE : Votre école existe depuis 31 ans. Actuellement, elle fait partie des meilleurs établissements privés d’enseignement supérieur en République du Congo. En votre qualité de directeur en charge du développement, quels sont vos objectifs à court, moyen et long terme, en vue de développer davantage cet établissement ?

DLM : L’enseignement supérieur privé comprend beaucoup d’acteurs. Ce qui fait notre particularité c’est que nous avons été le premier établissement d’enseignement supérieur privé d’obtenir un agrément définitif au Congo. Nous sommes à ce jour l’unique établissement privé d’enseignement supérieur habileté à délivrer le diplôme de master. Nous sommes le premier et l’unique établissement d’enseignement supérieur à avoir les diplômes accrédités par le Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur (Cames). Nous ne sommes peut-être pas le meilleur, mais nous sommes un établissement de référence.

Concernant les perspectives, lorsque nous avons atteint un niveau de qualité, la première exigence c’est de ne pas régresser, de maintenir le niveau de qualité. La deuxième c’est donc de l’accroître. La qualité c’est une quête permanente. Nous sommes dans un processus d’amélioration continue. Nous avons un ancrage national avéré qui a été développé en 31 ans. Notre vocation c’est d’être l’Ecole de gestion de la sous-région.

D’ailleurs, nous recevons beaucoup d’étudiants de la sous-région en provenance, notamment de la République démocratique du Congo (RDC), du Gabon, du Cameroun, du Tchad, de la République centrafricaine (RCA) et de la Guinée équatoriale.   Nous sommes déjà dans cette dimension internationale, mais il faut qu’elle soit institutionnalisée. Nous voulons être un pôle régional de formation en sciences de gestion.

La deuxième exigence dans le cadre de l’amélioration continue, c’est la quête permanente de l’excellence. Si nous sommes là depuis 31 ans c’est parce que nous promouvons, nous magnifions et nous exaltons l’excellence. Nous continuerons à le faire. D’un point de vue académique, nous avons depuis l’année académique 2005-2006 instauré le système LMD à l’ESGAE. Nous avons les diplômes de licence et master accrédités par le Cames. Et nous envisageons ouvrir une formation doctorale. C’est une stratégie, elle se bâtit et s’implémentera progressivement. Elle fait partie d’une perspective de développement.

TE : Beaucoup de congolais estiment que l’entrepreneuriat peut servir d’alternative pour créer de nouvelles possibilités d’emploi et stimuler l’innovation afin de maintenir ou améliorer le bien-être des populations. Quelles stratégies adoptez-vous pour inciter les jeunes à entreprendre ?

DLM : La question de l’employabilité est double. Il y a le volet insertion professionnelle classique, et l’auto-emploi. Nous promouvons la culture entrepreneuriale, car elle fait partie de notre plan stratégique. Nous avons au sein de notre établissement un incubateur de projets qui a pour but d’accompagner les étudiants dans la phase d’idées, de formalisation et de création de leurs entreprises. Tous les étudiants détenteurs d’un projet à haut potentiel ont droit à un accompagnement, et des exemples d’entreprises qui ont été accompagnées existent.

Pour susciter ces idées, nous avons introduit depuis 2006 dans nos programmes, de cours d’initiation à l’entrepreneuriat dans toutes les filières, dès la première année. En deuxième année, les étudiants ont un cours de création d’entreprise dans tous les parcours, et en licence un cours de Business plan, de gestion de projets. Tout est fait pour que de façon permanente qu’on soit dans la culture entrepreneuriale, parce qu’être entrepreneur ne s’improvise pas.

Nous pensons que nous avons un vivier d’entrepreneurs potentiels parce qu’ils ont des outils pour gérer un processus entrepreneurial. Je profite de cette occasion pour dire aux jeunes qu’on n’a pas besoin d’être gestionnaire pour entreprendre, mais il faut avoir avec soit quelqu’un qui a une bonne base en gestion parce que c’est du management de l’innovation. Parfois il vaut bien être un très bon électricien et s’associer avec quelqu’un qui a de compétences en gestion de projet. C’est la symbiose entre les deux qui va faire la réussite.

Donc nous cultivons la culture entrepreneuriale, mais il faut à un moment donné que les conditions soient favorables. Notre rôle c’est de promouvoir la culture entrepreneuriale, de sensibiliser et de former les jeunes dans ce domaine, mais nous n’avons pas à nous seul le rôle de créer les entrepreneurs. Il revient aussi à l’Etat de garantir le cadre pour que les entrepreneurs puissent s’épanouir pleinement.

TE : Votre établissement œuvre à la création des entreprises au Congo, en accompagnant les porteurs de projets de l’idée jusqu’à la construction du projet et la rédaction du business plan. Quels sont les critères spécifiques de sélection de ces projets ?

DLM : Ces projets doivent avoir un haut potentiel. La caractéristique première de toute action entrepreneuriale c’est l’acceptabilité sociale, c’est-à-dire le projet doit être acceptable par la société, et il doit être capable de répondre à un besoin de la société. Deuxièmement, il faut que ce projet soit réalisable à la fois en termes de ressource et de mise en œuvre. Troisièmement, les projets doivent être rentables et avoir une visibilité potentielle dans la mise en œuvre.

TE : Avez-vous un message particulier à adresser aux Congolais ?

DLM : Je voulais dire aux étudiants que la formation c’est le principal levier de l’insertion professionnelle. Être bien former c’est important pour l’insertion professionnelle.

Aux jeunes de façon générale, j’aimerai rappeler que le chef de l’Etat a décrété 2024, année de la jeunesse, et le gouvernement dans la mise en œuvre de cette décision, a envisagé la création de 10.000 emplois publics et 90.000 emplois dans le secteur privé. Les 10.000 emplois seront sans doute garantis, mais en revanche, la création de 90.000 emplois dans le secteur privé n’est pas garantie si certaines contions ne sont pas réunis. Les entreprises existantes ne pourront pas en créer.

Si on veut espérer atteindre ce chiffre, il faut compter sur les entreprises existantes et sur les entreprises en création. Nous n’atteindrons potentiellement les 90.000 emplois dans le secteur privé que si l’entrepreneuriat est utilisé comme un véritable levier de création d’emplois. Les entreprises existantes créeront sans doute les emplois, mais pas suffisamment pour absorber tous les jeunes qui sont en attente de l’emploi. Donc, il faut que les jeunes se lancent et s’approprient la culture entrepreneuriale.

J’invite les pouvoirs publics à créer les conditions pour que les entrepreneurs créent leurs entreprises, parce que c’est le rôle de l’Etat. Les jeunes, nous les formons à la création d’entreprise. Le président de la République a donné des instructions, il reste au gouvernement de mettre en œuvre les conditions pour que la création d’entreprise soit favorisée.

Propos recueillis par GMB

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