Sidi Ould Tah, le leader désigné pour réformer l’architecture financière africaine (Portrait)
Le Mauritanien Sidi Ould Tah, 60 ans révolus, est désormais le nouveau président du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD). Pendant sa campagne, il a su se distinguer grâce à son programme baptisé «Les quatre points cardinaux» : réformer l’architecture financière africaine, transformer le dividende démographique en puissance économique, industrialiser le continent et mobiliser les capitaux à grande échelle.
Elu le 29 mai lors des Assemblées annuelles de la Banque, le nouveau président de la BAD possède plus de 35 ans d’expérience en finance africaine et internationale. Avec cette expérience, il devra œuvrer en faveur de l’accélération des efforts de l’Afrique, sous peine de prendre du retard dans la réalisation de l’Agenda 2063 de l’Union africaine et des Objectifs de développement durable, résumés dans les « High 5 » du Groupe de la Banque.
« J’aimerais remercier l’Afrique pour la confiance qu’elle vient de m’accorder. Je vous remercie pour cet honneur dont je mesure la responsabilité et le devoir qui l’accompagne », a-t-il déclaré quelques minutes après la proclamation des résultats. « Maintenant, au travail. Je suis prêt », exhorte-t-il.
Défis et priorités de taille
Le neuvième président de la BAD devra être confronté à un environnement économique international marqué par une guerre commerciale aggravée, notamment par les annonces de l’administration Trump. Outre les droits de douane, certaines décisions affectent directement le Groupe de la BAD, puisque les Etats-Unis veulent supprimer leur contribution d’un demi-milliard de dollars au fonds de la Banque, destiné aux pays à faibles revenus du continent.
De même, il devrait mettre à profit ses dix années passées à la tête de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (Badea), au Groupe de la BAD, qui s’est imposé au niveau international. Toutefois, il devrait rester dans la continuité des « High 5 », les cinq priorités établies par le président sortant : éclairer, nourrir, industrialiser, intégrer et améliorer la qualité de vie des populations.
« Je veux féliciter le docteur Sidi Ould Tah pour son élection réussie. Je suis entré dans cette course par amour pour notre continent et pour offrir une vision pour le futur de l’Afrique. Aujourd’hui, les gouverneurs ont choisi le leader qui, selon eux, va donner la vision de l’Afrique que nous voulons à ce moment décisif », a déclaré le candidat zambien, Samuel Munzele Maimbo, dans un communiqué.
Un parcours atypique
Issu d’une famille d’enseignants francophones du sud-est de la Mauritanie, Sidi Ould Tah, ancien ministre de l’Économie et des finances de la Mauritanie, a occupé des postes de haut niveau dans des institutions multilatérales, et a dirigé des opérations de réponse à des crises, de réforme financière et de mobilisation innovante de ressources pour l’Afrique.
Il a occupé le poste de président de la Badea d’avril 2015 à avril 2025. Après avoir occupé plusieurs postes notamment à la municipalité de Nouakchott et au Port autonome de Nouakchott, il rejoignit l’Autorité arabe pour l’investissement et le développement agricole, basée à Khartoum, avant de prendre la direction de la Banque islamique de développement (Bidc) en Arabie saoudite.
De retour au pays en 2006, il fut nommé conseiller à la Présidence mauritanienne, puis à la Primature, avant d’être élevé au rang de ministre de l’Économie et des finances.
Elevé dans un environnement des sciences traditionnelles et de la culture, le nouveau président du Groupe de la BAD est titulaire d’un doctorat en sciences économiques de l’Université de Nice Sophia Antipolis, en France et d’un Diplôme d’études approfondies (DEA) en économie de l’université Paris VII.
Une implication politique et économique internationale récompensée
Sidi Ould Tah, l’homme qui prendra ses fonctions à la tête de la BAD le 1er septembre 2025 a été élevé au rang de Chevalier de l’Ordre national du Lion du Sénégal en 2022, d’Officier de l’Ordre national du Tchad en 2020, et de Chevalier de l’Ordre du Mérite national de Mauritanie en 2014.
Par Grace Dinzebi






