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Economie

Classification de revenus des pays africains : Entre niches stables, rebonds et vulnérabilités

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La récente publication annuelle de la Banque mondiale sur les classifications de revenus des pays africains révèle des dynamiques économiques du continent en 2024. Fondées sur le Revenu national brut (RNB) par habitant (méthode Atlas), ces trois catégories de classifications, à savoir le revenu faible, le moyen-inférieur, et le moyen-supérieur et élevé, influencent l’accès aux financements concessionnels et reflètent des trajectoires de développement.

Ce document souligne trois enseignements majeurs émergent au niveau du continent, notamment la pérennité des Seychelles comme unique économie à revenu élevé, les mouvements contrastés du Cap-Vert et de la Namibie, et la persistance des défis structurels en Afrique.

Les Seychelles conservent son leadership

Se trouvant à environ 1.600 km à l’est du continent africain, ce pays conserve sans interruption depuis 2015 son statut de seule économie africaine classée dans la catégorie des pays à revenu élevé (High Income). Avec un Revenu National Brut (RNB) par habitant de 17.460 USD en 2024, c’est le pays africain le mieux classé.

Ce statut permet aux Seychelles de figurer aux côtés d’économies intermédiaires comme la Russie (15.320 dollars) ou le Panama (17.960 dollars), tout en restant distancées par des puissances mondiales telles que les États-Unis (83.660 dollars) ou le Royaume Uni (48.610 dollars).

Par ailleurs, ce premier rang masque mal l’isolement du pays au sein du paysage économique africain, soulignant le fossé persistant entre l’Afrique et d’autres régions émergentes qui comptent davantage de représentants dans cette élite.

Le Cap-Vert progresse, la Namibie régresse

Le Cap-Vert a rejoint la catégorie des revenus moyen-supérieurs (Upper-Middle Income), son RNB par habitant bondissant de 4.280 dollars en 2023 à 5.000 dollars en 2024. Ce progrès est attribuable à un rebond spectaculaire du tourisme (+16,5% dans les secteurs connexes) et à une correction démographique significative (-12,8%). Cette progression permet désormais au pays d’intégrer un groupe comprenant l’Afrique du Sud (6.100 dollars) et le Botswana (7.750 dollars).

De son côté, la Namibie a subi une dégradation symbolique. Son RNB par habitant a régressé de 4.870 dollars à 4.240 dollars, la reléguant dans la catégorie des revenus moyen-inférieurs (Lower-Middle Income). Ce recul s’explique par un effondrement du secteur minier (-1,2% après +19,3% en 2023) et une révision démographique défavorable (+13,8%).

Certaines économies africaines restent immobiles

Par ces pays, on note ceux de l’Afrique subsaharienne qui demeurent majoritairement englués dans les bas revenus, avec 45% de ses pays classés dans la catégorie Low Income en 2024. Ce progrès est relatif depuis 1987 (75%), mais contraste avec les bonds observés en Asie du Sud ou en Amérique latine.

En effet, cette stagnation reflète des défis systémiques, à l’instar des économies comme le Gabon (7.550 dollars) ou la Libye (6.310 dollars), bien que dotées de ressources abondantes, peinent à franchir le seuil des High Income (supérieur à 13.935 dollars). Cependant, des poids démographiques majeurs tels que l’Égypte (3.510 dollars) et la Côte d’Ivoire (2.510 dollars) stagnent durablement dans la tranche Lower-Middle Income.

Ce manque d’évolution interpelle le continent sur la nécessité de convertir les richesses naturelles en prospérité partagée avant que la remontée technique des seuils de la Banque mondiale ne rende la tâche plus ardue.

RNB africain en 2024

Par la rédaction

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